LES INSPECTIONS CITOYENNES


Inspection citoyenne à Valduc, France, le 7 juin 2005

Leur naissance

L’idée des « inspections citoyennes » est née en 1997/98, à la veille de la seconde guerre d’Irak. Alors que l’attention du monde était concentrée sur les inspections en Irak de l’UNSCOM et de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), des pacifistes firent remarquer qu’au même moment, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU (la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis) étaient eux-mêmes occupés à déployer dans la plus grande discrétion et en toute illégalité, des armes nucléaires de destruction massive.
Pour une raison mystérieuse, les inspecteurs des agences de l'ONU ne viennent jamais chercher les armes de destruction massive illégales en Europe. Du coup, les pacifistes décidèrent de mener leurs propres « inspections citoyennes » pour faire respecter le droit international, et notamment le Traité de Non Prolifération.


Deux types d'inspections citoyennes (symboliques ou désobéissantes)

Les inspections citoyennes peuvent être de deux types :
  • Symboliques, elles consistent à se présenter à l'entrée d'un site nucléaire militaire et à demander aux autorités de la base la permission de l'inspecter. Lorsque le refus est notifié aux inspecteurs, ceux-ci peuvent tenir une conférence de presse devant les grilles fermées de la base avant d'aller porter plainte contre l'Etat français pour violation du Traité de Non Prolifération. Il peut arriver par exception que les autorités de la base ouvrent leurs portes à une poignée d'inspecteurs, pour bien sûr ne leur montrer qu'une toute petite partie du site. Il s'agit alors d'une opération de communication des autorités militaires qui mérite d'être rejetée, comme doivent l'être des conditions qu'un Etat imposerait aux inspecteurs des agences de l'ONU à la recherche d'armes de destruction massive dissimulées. 
  • Désobéissantes, elles consistent à mener une inspection symbolique assortie d'une inspection réelle du site en cas de refus. Les inspecteurs escaladent alors les barrières du site et tentent d'atteindre les installations les plus secrètes. En posant ainsi un acte de désobéissance civile non violent, en prenant le risque d'une arrestation et d'une condamnation, les inspecteurs donnent évidemment une dimension plus forte encore à leur initiative. Ils montrent par leur courage, leur détermination et leur non violence que la légitimité qui les porte est bien plus forte que la loi qui les menace et protège le crime nucléaire.
Leur efficacité

Dans des pays comme l’Allemagne, la Belgique, ou la Grande-Bretagne, qui violent également leurs engagements internationaux en matière d’armement nucléaire, de nombreuses inspections citoyennes ont déjà eu lieu. Chaque année, les pacifistes britanniques procèdent à des inspections citoyennes de masse de sites nucléaires tels que Faslane ou Aldermaston. Depuis maintenant près de 10 ans, les pacifistes belges envahissent les sites de l'OTAN qui accueillent des bombes nucléaires américaines sur leur sol. Cette année, les pacifistes britanniques projettent d'organiser le blocus de la base nucléaire de Faslane pendant une année entière. En Belgique, c'est le 8 juillet que les pacifistes belges fêteront à leur manière le dixième anniversaire de la décision de la Cour Internationale de Justice qui déclarait les armes nucléaires criminelles. Ils vont mener une dizaine d'inspections citoyennes dans tout le pays.

L'efficacité de ces mobilisations est incontestable. En Grande-Bretagne, Tony Blair a été empêché de lancer le programme de construction du nouveau modèle de missile nucléaire Trident du fait de la rébellion de certains parlementaires de sa majorité, qui s'appuyaient sur les actions de désobéissance civile des pacifistes. En Belgique, à la suite d'une inspection citoyenne particulièrement importante (plus de 400 personnes arrêtées, toutes libérées), les parlementaires des deux bords votèrent dans leur grande majorité le retrait des bombes américaines présentes dans le pays, en juillet dernier (2005). Le gouvernement n'a pas encore cédé à ce jour, mais la pression n'a jamais été aussi forte...

Leur inspiration : la lutte contre les essais nucléaires

Dès les années 1970, des citoyens s'engagent contre les essais nucléaires des grandes puissances, et contre la prolifération nucléaire. En Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en France (Polynésie) et dans une moindre mesure en URSS et dans les pays de l'Est et de l'Ouest de l'Europe, de vastes mobilisations populaires manifestent l'opposition des pacifistes à la logique de la terreur. La désobéissance civile est au coeur des mobilisations. En 1971, Greenpeace naît par exemple précisément d'une action directe non violente : des jeunes américains et canadiens décident de naviguer vers l'un des sites d'essais nucléaires américains, au large des côtes de l'Alaska. Ils entendent s'interposer pour empêcher le tir. Interpellés par la marine américaine, ils ne pourront atteindre leur cible, mais la médiatisation est telle que le gouvernement américain préfèrera fermer le site l'année suivante...

Finalement, la campagne mondiale contre les essais, qui verra de nombreux militants prendre des risques forts pour empêcher les essais ou les dénoncer, s'achèvera par un succès mondial : les unes après les autres, les grandes puissances nucléaires signeront le Traité d'Interdiction Complète des Essais nucléaires. La France sera d'ailleurs contrainte d'interrompre sa dernière campagne d'essais en janvier 1996 et de rejoindre le Traité en question, honteusement.

Le manuel de l'inspecteur citoyen (pdf, 350 Ko) :
http://www.motherearth.org/inspection/inspectbook_fr.pdf

On demande des milliers d'inspecteurs citoyens




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